Laurence Ruffin

Loi Duplomb, une vague citoyenne inédite : 1 million de signatures en 9 jours

Loi Duplomb, pétition

La loi Duplomb autorise le retour des pesticides tueurs d’abeilles, nocifs pour la biodiversité, les sols et la santé. Ce texte s’inscrit dans une série de reculs :  réintroduction de pesticides, mégabassines… Mais aussi dans une remise en cause de la science et un déni démocratique. Réunis à huis clos en commission mixte paritaire (CMP) lundi 30 juin, 7 députés et 7 sénateurs se sont penchés sur cette proposition de loi controversée, soutenue par le gouvernement. L’Assemblée nationale l’a définitivement adoptée, ce mardi 8 juillet, par 316 voix pour, tandis que 223 députés ont voté contre et 25 se sont abstenus.

 

Une pétition citoyenne record

Face à cela, la société civile s’organise : c’est du jamais vu sur le site de l’Assemblée nationale depuis la création des pétitions citoyennes en 2020. Plus d’un million de personnes se sont levées contre la loi Duplomb.

Derrière cette mobilisation historique, une jeune étudiante, Éléonore Pattery, 23 ans. Elle a lancé seule cette pétition pour dire stop à une loi injuste : « Aujourd’hui je suis seule à écrire, mais non seule à le penser ». En quelques jours, sa voix a trouvé un écho massif. Elle écrit : « La Loi Duplomb est une aberration scientifique, éthique, environnementale et sanitaire. Elle représente une attaque frontale contre la santé publique, la biodiversité, la cohérence des politiques climatiques, la sécurité alimentaire, et le bon sens. »

 

Une loi adoptée en toute discrétion

Cette loi a été adoptée contre l’avis de 22 sociétés médicales, comme la Ligue contre le cancer, l’Agence nationale de sécurité sanitaire, des centaines de chercheurs, médecins, mutuelles, acteurs de l’eau potable. L’adoption de cette loi est un affront à celles et ceux, qui depuis des années se battent pour faire reconnaitre l’impact des pesticides sur la santé. Des agriculteurs comme Paul François qui se bat depuis plus de 10 ans contre Monsento : 

« J’ai pratiqué une agriculture à laquelle j’ai cru, une agriculture qui était promue à l’époque et répondait aux besoins de la société. Mais on s’est trompés, nous agriculteurs, mais aussi collectivement car c’était une attente de la société. On a fait confiance aux firmes qui nous disaient vendre des médicaments pour les plantes. Accessoirement, ils avaient oublié de nous dire que cela pouvait nous empoisonner nous aussi. »

Fleur Breteau, fondatrice du collectif Cancer Colère, a interpellé les députés en leur lançant « Vous êtes des alliés du cancer et on va le faire savoir».

 

Les citoyens mobilisés pour leur agriculture

Cette pétition est déjà une victoire. Elle montre que, même face aux lobbies, aux silences politiques et aux reculs législatifs, la mobilisation de la société civile veut faire bouger les lignes. Elle ouvre une brèche, un espoir,  un refus de la résignation.

Le projet de loi et la pétition devraient être l’occasion d’un débat sur l’agriculture et la santé. Non seulement la loi est passée en catimini, mais en plus, ceux qui en font le service après-vente, bien obligés par la pression populaire, le font dans une logique de polarisation stérile : en opposant ceux qui veulent défendre les agriculteurs aux autres, en s’insurgeant contre une diabolisation. Duplomb répond à un médecin qui soulignait le caractère cancérigène du produit sur France Info ce 21 juillet :  « ce n’est pas une étude scientifique qui fait la vérité de toutes les études scientifiques ». 1 000 000 de citoyens mobilisés, et aucune discussion n’est ouverte. C’est là un vrai déni de reconnaissance du peuple, de sa capacité à penser, à se mobiliser, à être un acteur-citoyen.

Cette pétition devrait amener du débat sur l’agriculture que nous souhaitons. 

Moi je la veux écologique et solidaire, qui respecte les sols, la biodiversité, la santé, qui permet aux paysan·nes de vivre dignement de leur travail, grâce à des prix stables et équitables, et qui construit notre résilience alimentaire face aux crises. Cela passe par l’interdiction des néonicotinoïdes pas seulement en France, mais dans toute l’Union européenne pour protéger les agriculteurs et notre agriculture face au dumping environnemental. 

Cette dynamique d’interpellation vient compléter le vote et donne la possibilité à des citoyens d’intervenir sur l’action publique. Il nous faut amplifier cette dynamique populaire pour obliger le gouvernement à prendre en compte les attentes des citoyennes et citoyens pour l’agriculture, la santé et l’environnement !

Laurence Ruffin

 

Signez la pétition

 

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