Le 12 avril dernier, nous étions nombreuses et nombreux à enfiler nos baskets pour participer à la 8ème édition de l’Urban Cross de Grenoble. Un événement sportif pas comme les autres qui réunit 500 coureurs, 100 bénévoles, un quartier entier mobilisé, et une idée simple : donner envie aux Grenoblois de venir à la Villeneuve, peut-être pour la première fois, de découvrir ou de redécouvrir ce lieu emblématique de Grenoble. Et ce jour-là, il y avait une énergie contagieuse, des sourires sur les visages et un sentiment de fierté partagé.
L’Urban Cross est un trail urbain. Sa singularité tient d’abord à son parcours : un jeu de piste à travers la Villeneuve et le Village Olympique, qui nous fait parcourir des lieux que l’on n’imagine pas fouler en courant : halls d’immeubles, collèges, escaliers, arcades, passerelles, buttes du parc Jean Verlhac, sentiers boisés… Le décor, c’est la ville, c’est un quartier, avec une histoire, une architecture, la vie d’un lieu singulier.
Le sport comme trait d’union
L’Urban Cross, c’est un défi sportif, mais c’est surtout un prétexte, un moyen de créer des ponts. Ce jour-là, sur la ligne de départ, se croisent un sportif du centre-ville et un éducateur du Village Olympiques, les équipes d’un bailleur social, comme les mères des écoles du quartier. Ils courent, transpirent, rient, ensemble. Le sport a ce pouvoir rare de rassembler. Quel que soit notre âge, coureur aguerri ou marcheur curieux, habitant du quartier ou supporter venu de loin, nous nous retrouvons embarqués dans la même aventure. L’espace d’un instant, les différences s’estompent, le lien se tisse.
Une course née du terrain, portée par les habitants
L’histoire de l’Urban Cross, c’est celle de quelques salariés d’Actis, habitués à courir dans le parc de la Villeneuve, qui ont imaginé ce parc comme un terrain de jeu pour un événement dans le quartier. Pour l’organisation, ils sont allés frapper à la porte de la Régie de Quartier, une association qui déploie des services de proximité pour améliorer le cadre de vie du quartier et donne du pouvoir d’agir aux habitants. C’est ainsi qu’avec de l’envie, de l’huile de coude, et une sacrée dose de générosité, l’Urban cross est née.
La Villeneuve : des richesses et des défis
Participer à l’Urban Cross, c’est aussi rencontrer un lieu à part. La Villeneuve, c’est un quartier conçu dans les années 70 autour d’une utopie : celle d’une vie collective, ouverte, solidaire, mixte. Écoles sans clôtures, vaste parc, équipements intégrés, coursives et espaces communs pour favoriser les rencontres… Ce quartier a longtemps été un lieu de fabrique d’initiatives citoyennes.
Comme dans beaucoup de grands ensembles français, sa mixité s’est depuis effritée, et on y voit des situations de précarité et d’insécurité. Pourtant, la Villeneuve a des atouts, un parc magnifique, des équipements culturels et sportifs nombreux, une richesse humaine et une dynamique associative énorme. Ainsi, l’un des plus grands plans de renouvellement urbain est engagé ici, pour faire en sorte que les gens y vivent bien et pour préserver ce qui fait la particularité du quartier. Bien sûr il restera encore beaucoup à faire.
Une réussite populaire
L’Urban Cross, c’était un foisonnement joyeux. De l’enfant de 6 ans à la doyenne de 85 ans venue marcher ses 5 km. 500 coureurs, d’âge, de lieux d’habitation, de parcours de vie différents. Courir ici, dans ce quartier parfois stigmatisé, ou dans lequel il peut y avoir des réticences à entrer, participe à la déconstruction de préjugés, à la valorisation de lieux de vie et de celles et ceux qui contribuent à garder cet espace vivant, accueillant et incontournable.
Laurence Ruffin
